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jeudi 23 août 2012

Jonah Lomu se confie



Les maux et les mots de Jonah Lomu. Dans un entretien accordé au Figaromercredi, l’ancien ailier international néo-zélandais (37 ans, 63 sélections) est sorti de son mutisme. Au cours de cette longue interview, il a abordé tous les sujets, à commencer par son état de santé. Très mal en point ces derniers mois, le natif d’Auckland reprend du poil de la bête. Il confie aller « beaucoup mieux », même s’il reste sous la menace d’une deuxième greffe de rein, après celle subie 2004. « Je suis sous dialyse trois fois par semaine, raconte-t-il. Le reste du temps, j'essaie de prendre un maximum de temps pour ma femme et mes enfants… » Toujours diminué, l’« Autobus », comme il était surnommé au temps de sa splendeur, ne s’explique toujours pas son énorme coup de mou à la fin du mois de septembre. « D'un seul coup, je me suis senti de plus en plus faible. À l'hôpital, ils se sont aperçus que mon rein ne fonctionnait plus. Aujourd'hui, il s'est endormi et le traitement que je suis tente de le réveiller. Si, à terme, cela ne fonctionne pas, il va me falloir un nouveau rein pour pouvoir survivre. »

Considéré comme le meilleur joueur du monde dans les années 90, Lomu s’est détaché des affaires du rugby depuis la fin de sa carrière professionnelle. Lorsqu’on lui demande s’il suit toujours l’actualité de son sport, il répond « moins qu’auparavant », presque gêné. « Honnêtement, les dialyses me fatiguent beaucoup et, lorsque j'ai du temps, je le passe avec ma famille. Mais je regarde toujours les grands matchs, surtout lorsque les All Blacks sont sur le terrain… » Même si son corps lui envoyait alors de sérieux signaux d’alerte, il a regardé avec attention le parcours de la Nouvelle-Zélande lors de la dernière Coupe du monde. « Cette équipe a su faire le boulot. Elle se devait de ne pas passer à côté de "son" Mondial. Je ne sais pas ce qui serait arrivé s'ils avaient perdu… » La France a pourtant frôlé l’exploit en finale et s’est inclinée de justesse (8-7). Un scénario qu’il avait anticipé, en dépit de la méforme des Bleus durant la compétition. « Pour être honnête, c'était un match typique joué par l'équipe de France. La veille de la finale, j'avais dit que la rencontre serait serrée et que le vainqueur l'emporterait d'un tout petit point. »

« Entraîner pourrait m'intéresser »

Depuis le début de sa vie, Lomu entretient une relation particulière avec la France. Sous le maillot des All Blacks, il a affronté les Bleus à huit reprises, pour un bilan très mitigé de trois succès, un nul et quatre défaites. La plus célèbre d’entre elles, en demi-finales du Mondial 1999 à Twickenham (31-43), reste l’un des plus mauvais souvenirs de sa carrière. Il avait aussi débuté son parcours en sélection devant l’équipe de France, lors de la tournée d’été 1994 des hommes de Pierre Berbizier en Nouvelle-Zélande. Pour ses deux premières capes, il avait subi deux défaites contre les Bleus, dont l’exploit s’est inscrit depuis dans les annales. Désormais sélectionneur, Philippe Saint-André était du voyage. « Il a été un grand joueur, explique Lomu. Le voir prendre les rênes du XV de France me paraît être dans l'ordre des choses. Je suis persuadé qu'il va réussir à remettre les Bleus sur de bons rails. » S’il ne suit plus avec autant d’assiduité l’actualité du rugby, l’ancien joueur des Blues, des Chiefs, des Hurricanes ou encore de Cardiff garde un œil avisé sur son sport.

S’il reconnaît que l’afflux de joueurs étrangers dans le Top 14 pourrait poser problème, Lomu ne s’inquiète pas pour l’avenir des Bleus. « Franchement, sur le long terme, je pense que le XV de France n'a aucun souci à se faire. (…) Quel jeune joueur français ne rêverait pas de s'aguerrir aux côtés de Wilkinson, Giteau ou McAlister ? » Amoureux de la France, Lomu y a terminé sa carrière, avec Marseille en Fédérale 1 lors de la saison 2009-10. Il garde un souvenir mitigé de son passage dans la région PACA. « Ma famille et moi avons passé de merveilleux moments. Nous nous sommes fait beaucoup d'amis. En revanche, le management du club a été très mauvais. » Ce qui ne l’empêche de vouloir revenir un jour et pour éventuellement s’y installer. « Une fois la greffe effectuée, et si rien ne s'y oppose au niveau médical, je pense que nous reviendrons en Europe et pourquoi pas en France, avec l'idée que je pourrais de nouveau m'investir dans le rugby. J'avoue qu'entraîner pourrait m'intéresser. » Et avoir Lomu comme entraîneur pourrait aussi intéresser plus d’un président de club.

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