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mardi 21 août 2012

Chronique de Villepreux



Pour ce début de saison du Top 14 post-Coupe du monde, il est certain que tout le monde est parti cette fois à égalité. Chacun a eu peu ou prou le temps de se préparer comme il le souhaitait dans les meilleurs conditions, du fait du temps accordé et puisque l’absence des Argentins était connu depuis longtemps, donc logiquement intégrée en terme de recrutement dans le projet saisonnier. 


L’importance psychologique de ce premier match est devenue d’autant plus capitale que le fossé entre les meilleurs et les autres est semble-t-il moins évident que dans un passé proche. Ce resserrement des niveaux implique forcement, pour ne pas avoir à subir les conséquences perverses d’une première défaite, des stratégies de jeu plutôt réductrices et il devenait utopique dans ce contexte, déjà pour certains matchs très tendu, que ce premier match allait nous gratifier d’un rugby de haut vol. 

En commençant dans la préparation à armer leur collectif d’abord physiquement et, en conséquence, de moins se concentrer sur le jeu, est un choix qui dans le court terme peut payer. Mais il n’est pas alors étonnant d’avoir vu, bien sûr à des degrés divers, des matchs plutôt cadenassés et un peu indigeste puisqu’il s’agissait d’abord d’utiliser la puissance physique emmagasinée et d’en faire le levier prioritaire pour obtenir un résultat. 

En effet, il s’agit bien aujourd’hui de considérer la préparation physique comme essentielle pour pouvoir gagner ce premier match et emmagasiner la confiance utile pour avancer dans les meilleurs conditions, avec ses armes et en espérant mettre en place dans le temps le jeu choisi qui, puisque on est armé physiquement, finira bien plus tard par surgir. 

Quand la force et la puissance prennent le pas sur la dimension tactique, il devient difficile d’amener les joueurs sur des formes de jeu plus élaborées. 

Il n’y a pas eu dans cette première journée d’impasse et il m’a semblé malgré la chaleur que, coté dimension physique, tout le monde était au top, vu l’engagement qui a présidé sur tous les terrains aux différents débats. 

Quand au jeu lui même et à sa forme, on ne peut pas dire que le spectacle ait été au rendez-vous et dans ce cadre, les aménagements concernant les règles n’ont pas apporté une dynamique différente à la production. 

Les mêlées sont manifestement devenues le soucis des arbitres, qui prennent bien soin de ne plus y perdre du temps. On pénalise. Ce qui est peut-être un moindre mal mais on n’a pas résolu pour autant l’enjeu tactique de la mêlée qui vise à en faire une phase propre, permettant de profiter d’une part de la concentration (réglementairement parlant) de 16 joueurs dans un petit espace de jeu. Et d’autre part de bénéficier de l’avantage d’un positionnement défensif des lignes arrières à 5m, conditions optimales pour proposer des lancements de jeu efficaces qu’il est aujourd’hui très difficile de créer dans le jeu courant. 

Les mêlées, certes, s’écroulent moins, car les arbitres ne laisseront pas le temps aux tricheries de s’installer. Peut être, mais cela reste à voir dans le temps, peut-on espérer, que la multiplication des sanctions arbitrales entraînera progressivement chez les joueurs un autre état d’esprit pour appréhender cette phase de jeu. 

Dans cette première journée, la multiplication des affrontements individuels qui ont présidé à certains match laisse préfigurer le rugby qui risque de s’imposer et, dans ce cadre, "l’avancer" sera de moins en moins recherchée collectivement. En tout cas de manière moins créative. Je parle des formes collectives dynamiques et des mouvements qui vont avec. Elles risquent de devenir rares, d’autant que la contestation du ballon par la défense dans les phases plaqueur plaqué qui devrait impliquer plusieurs défenseurs n’est plus recherché. On y privilégie un étalement défensif du collectif sur la largeur qui provoque un déséquilibre favorable à la défense. Il devient malheureusement logique d’avancer par un jeu d’affrontement individuel où la puissance physique devient déterminante. On assiste à un jeu de passe minimal, autour du ruck qui du fait de l’absence du moindre défenseur n’en est plus un (réglementairement parlant) mais est toujours arbitré comme tel. Autre variante, on utilise de plus en plus des organisations collectives programmant de jouer en passant la balle dans le dos de joueurs "passant à vide" espérant ainsi mobiliser les défenseurs et ouvrir des espaces sur les extérieurs. Précisons que ce jeu est dans l’instant plus utilisé dans l’hémisphère sud (voir le dernier match Nouvelle Zélande – Australie). Ces leurres ont donné lieu à des obstructions manifestes qui n’ont pas été sanctionnées. J’espère que la vielle Europe saura se préserver de cet effet pervers qui nous vient directement du rugby à 13. 

Cette option n’en est pas pour autant inintéressante. Utilisée tactiquement comme l’exige la règle, elle permettrait soit d’utiliser avec de la vitesse ces joueurs qui recevrait la balle à des fins de jeu pénétrant. Ces joueurs ne serait plus de simples leurres mais bien potentiellement une force possible de pénétration qui pourrait être utilisée, ou non, selon le jeu situationnel. En proposant, grâce à des courses adéquates, les deux possibilités du jeu à la main, jeu pénétrant ou jeu latéral, il s’ensuivrait un jeu plus adaptatif qui serait tout aussi efficace du fait de l’incertitude générée sur la défense. 

Le rugby est à un moment déterminant quant à son évolution. Les règles sont bien sûr concernées mais il convient aussi d’avoir l’envie de chercher les clés pour le faire progresser tactiquement, pour que le meilleur jeu s’installe et que celui-ci soit aussi porteur de résultats.

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